Abstract
Dans «Comment ne pas parler: Dénégations», Jacques Derrida considère la question de la théologie négative en se référant principalement au Sermon allemand 9 de Maître Eckhart. Le rapprochement entre Jacques Derrida et Maître Eckhart s’opère à partir du présupposé selon lequel ce qui se joue dans la question de Dieu, pour Maître Eckhart, équivaut à ce qui est en question, pour Derrida, dans le ...
Abstract
Dans «Comment ne pas parler: Dénégations», Jacques Derrida considère la question de la théologie négative en se référant principalement au Sermon allemand 9 de Maître Eckhart. Le rapprochement entre Jacques Derrida et Maître Eckhart s’opère à partir du présupposé selon lequel ce qui se joue dans la question de Dieu, pour Maître Eckhart, équivaut à ce qui est en question, pour Derrida, dans le statut même du langage. Derrida indique que la pensée eckhartienne ne peut habiter son lieu propre, celui de l’origine de sa capacité à penser et à parler, qu’il identifie à la chôra. Il lui assigne plutôt une place qui se situe sous l’hégémonie d’une hyperessentialité – celle du Bien platonicien, de l’Un néoplatonicien. Notre propos consiste à montrer que ce retour vers son lieu propre n’est pas seulement, pour la pensée eckhartienne, le fait d’«excursions épisodiques» (St. Gersh), mais constitue, au contraire, son mouvement fondamental. La thèse de cet article est de montrer, d’abord, comment, certes, l’hypothèse derridienne au sujet de la théologie négative permet de repérer, dans les sermons eckhartiens, une mise à l’épreuve du langage par le langage lui-même; ensuite, comment elle met également en évidence, en tout discours, la structure fondamentale de l’adresse à un énonciataire qui s’avère, à son tour, être le premier énonciateur; mais, enfin, que l’hypothèse derridienne sur l’apophase chrétienne doit être dépassée pour élucider la question du sujet de l’énonciation dans un régime d’indétermination, ou d’unité entre l’énonciateur et l’énonciataire